ÉDITORIAL
 

     Un certain jour chaud de la fin octobre, un journaliste tendant par hasard son micro en pleine manifestation lycéenne a pu recueillir : « dans mon bahut, il y a des ordinateurs mais personne ne sait s'en servir. » Ça fait un choc. Ce n'était qu'une exclamation parmi d'autres dans la confusion d'une manif, mais pourquoi celle-là ?

     Et si les lycéens étaient aussi en manque de technologies modernes ! Et s'ils avaient perçu que l'ordinateur représente cette modernité qu'ils attendent du système éducatif, qu'il est facteur d'innovation, qu'il permet un travail valorisant débouchant sur l'avenir ?

     Si l'on en croit une brochure diffusée par le MEN (Regard des jeunes sur le système éducatif, D.I.C., 1988), en septembre 1987, 82 % des 15-20 ans souhaitaient que l'étude des nouvelles technologies (informatique, télématique, bureautique...) soit une matière à part entière de l'enseignement secondaire, comme le français, les mathématiques ou la géographie. 82 % c'est énorme, qu'a-t-on fait pour répondre à cette demande ?

     On en sait des choses sur les souhaits des élèves ; suffisamment pour remplir des rapports et une brochure résumée de 50 pages faisant référence à une quantité d'enquêtes.

     Depuis des années, l'EPI affirme avec force que l'informatique dans l'enseignement est facteur de progrès, qu'elle peut contribuer à apporter des solutions aux problèmes de diversification des approches et des voies de formation, qu'elle permet de moderniser les contenus et les méthodes d'enseignement, qu'elle permet aussi l'autonomie et le travail personnel des élèves, le soutien de ceux qui connaissent des difficultés...

     En octobre 88, nous attirions l'attention du Président de la République sur le risque, grave pour l'avenir, de renoncement à ce qui faisait l'originalité de la démarche française : l'informatique comme levier de novation de l'enseignement dans son ensemble, élément significatif de la future « culture générale », instrument de démocratisation de la formation (cf. Bulletin 52, pages 4 et 5).

     Nous rajoutions qu'« enseigner autrement » ce peut être utiliser toutes les ressources de l'informatique « pour former les jeunes dans les perspectives européennes des années 90 ».

     Naturellement nous n'avons pas la naïveté de penser que l'informatique est de nature à résoudre tous les problèmes du système éducatif ! Mais elle peut répondre à ce désir de modernité et d'efficacité si souvent exprimé par les élèves, au souhait d'une école résolument tournée vers l'avenir.

     L'Assemblée Générale de l'association, réunie le 20 octobre dernier à Paris, a fait des propositions précises (cf. rubrique « DOCUMENTS ») pour le développement de l'informatique pédagogique dans le système éducatif. En effet, le temps n'est plus aux discours ; il faut agir, faire des choix, prendre des décisions (pas forcément toujours coûteuses) et s'y tenir. Il faut faire preuve d'imagination, se garder du conservatisme si l'on veut que l'École réponde aux exigences légitimes des élèves, dont l'essentiel de la vie professionnelle se déroulera au siècle prochain.

Jacques BAUDÉ
Secrétaire général
Paris, le 16 novembre 1990

Paru dans le Bulletin de l'EPI  n° 60 de décembre 1990.
Vous pouvez télécharger cet article au format .pdf (60 Ko).

___________________
Association EPI

Accueil

Sommaires des Revues