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EPI.NET

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Le magazine électronique de l'E.P.I.
Association "Enseignement Public et Informatique"
http://www.epi.asso.fr - Mél : courrier@epi.asso.fr

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Numéro 37 - 15 Novembre 2000 - 3ème année

Première partie

Seconde partie

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SOMMAIRE

ÉDITO
ACTUALITÉS
PÉDAGOGIE
CÉDÉROM
BIBLIOGRAPHIE
Portrait

LES BONNES ADRESSES DE L'EPI

Pédagogie Primaire Langues anciennes
Français Philosophie Histoire
Géographie E.C.J.S. S.E.S.
Langues Mathématiques Physique-Chimie
SVT Informatique Technologie
Tertiaire Documentation - E.P.S.


L'association Enseignement Public et Informatique

 
 

  

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ÉDITO

"La vraie révolution c'est Internet"

F. Jarraud

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Nous empruntons cette phrase à Guy Pouzard, inspecteur général. Ses déclarations, parues dans Le Monde du 30 octobre, ont suscité de nombreuses réactions sur le réseau Internet. En effet, il est rarissime de voir un responsable de l'éducation nationale s'engager aussi clairement pour une rénovation de l'école.

Qu'on en juge. Pour Guy Pouzard, Internet peut révolutionner l'école à condition de s'appuyer sur des pratiques pédagogiques nouvelles. "Il ne peut s'agir uniquement de mettre des ordinateurs dans une classe en gardant les seules approches de méthodes pédagogiques classiques". Pour lui, il faut mettre l'accent sur les activités de communication et de création qui prouvent qu'il y a eu construction de savoirs.

Cette révolution passe par une redéfinition du temps scolaire : "la succession des cours traditionnels, donnés par des professeurs n'enseignant qu'une seule matière, serait remplacée par une organisation de l'emploi du temps bâtie à partir d'une série de projets". Chacun s'appuierait sur une équipe d'enseignants mouvante en fonction des thèmes étudiés.

On imagine bien qu'une telle réorientation de l'école rencontrerait des obstacles à bien des niveaux de l'institution. C'est pourtant dans le sens du décloisonnement des disciplines, de l'intégration de l'informatique pour des activités créatrices et de communication que va la réforme de l'enseignement secondaire avec les travaux croisés, les TPE et l'ECJS. Si Guy Pouzard souligne la nécessité de crédits d'équipement pour cette évolution de l'école, il est intéressant de noter qu'il appelle également à une utilisation pédagogique différente de l'outil informatique.

L'interview de Guy Pouzard par Michel Alberganti :
http://www.lemonde.fr/article/0,2320,111137,00.html

Vos réactions : epinet@melusine.eu.org

  

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ACTUALITÉS

François Jarraud

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- e-Education
Quels rapports entretiennent aujourd'hui les technologies de l'information et de la communication et le monde de l'éducation ? Quelle doit être la place du service public dans la nouvelle offre éducative ? Un colloque réunira des spécialistes venus de toute l'Europe à l'occasion du Salon de l'éducation le 22 novembre. Parmi les intervenants signalons, outre les ministres de la recherche et de l'éducacation nationale, Viviane Reding, commissaire européen, Roger Chartier, historien de la culture, Diana Laurillard, Stella Vosniadou et Antonio Dias de Figuereido spécialistes des technologies éducatives, Dan Sperber, anthropologue. Nous rendrons compte de ce colloque dans le prochain numéro d'EPI.Net. A cette occasion, le ministre inaugurera le nouveau site éducatif public EduSCOL.
http://www.educnet.education.fr/inter/communique.htm
http://www.salon-education.com
http://www.eduscol.education.fr

- Le plan ministériel
Le 15 novembre, le ministre fait connaître le "plan pluriannuel pour l'éducation nationale". Il prévoit la création de 33 000 emplois en trois ans dont 8 000 dans le primaire, 15 000 postes d'enseignants du secondaire et 4 500 emplois d'ATOSS.
http://www.education.gouv.fr/discours/2000/pluriann.htm

- Chefs d'établissement
Un accord est signé entre le ministère et le SNPDEN pour revaloriser le rôle des chefs d'établissement. Des mesures financières amélioreront la carrière de ces personnels. Leurs responsabilités sont précisées.
http://www.education.gouv.fr/discours/2000/proto1.htm

- Le guide
Le "Guide juridique du chef d'établissement" est en téléchargement sur le site ministériel. Il apporte des réponses validées sur 46 thèmes concernant la vie des établissements.
http://www.education.gouv.fr/sec/chefdet/defaultb.htm

- Enseignants du second degré dans le supérieur
La procédure d'affectation est décrite au B.O. 41.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/41/som.htm

- Bac
Le B.O. 39 définit précisément les épreuves anticipées des enseignements scientifiques des série littéraire et ES et de l'enseignement de maths-informatique de la série littéraire.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/39/ensel.htm

- Innovation
Par un arrêté du 17 octobre, le ministre de l'éducation nationale crée le Conseil national de l'innovation pour la réussite scolaire. Il doit soutenir les pratiques innovantes, les faire connaître et proposer au ministre des orientations en matière d'innovation. Beaucoup de travail en perspective...
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/39/orga.htm

- Évaluation
Le ministre crée le Haut conseil de l'évaluation de l'école. Il établira un rapport annuel sur l'état de l'évaluation du système éducatif.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/41/orga.htm

- Mixité
" L'extraordinaire dans le combat pour l'égalité des sexes, c'est qu'il est toujours à recommencer ". Jack Lang tient une promesse qu'il avait faite à son arrivée rue de Grenelle en consacrant un numéro du B.O. à la mixité. Ce document veut aider les acteurs du système éducatif à assurer plus d'égalité entre les sexes à l'école. Ainsi il analyse plusieurs situations éducatives concrètes pour montrer comment lutter contre les stéréotypes machistes, voire la violence sexuelle. Le document propose également une bibliographie ainsi que des documents statistiques sur l'évolution des garçons et des filles dans le système éducatif.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/hs10/som.htm

- Violence
Le 24 octobre, le ministre de l'éducation nationale a installé le Comité national de lutte contre la violence à l'école. Cette nouvelle structure a pour objectif d'analyser les phénomènes de violence à l'école et de proposer des réponses. Les pages ministérielles proposent des exemples d'opération de prévention, une évolution chiffrée des phénomènes de violence en milieu scolaire, la carte des classes-relais.
http://www.education.gouv.fr/discours/2000/antiviolence.htm

- Formations
Le B.O. spécial n° 14 publie le Programme national de pilotage des actions de formation.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/special14/som.htm

- Concours
Le B.O. 39 publie le calendrier des épreuves d'admissibilité du CAPES, CAPEPS, concours CPE et de l'agrégation. Il apporte des précisions sur l'épreuve orale du Capes externe langues vivantes.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/39/perso.htm

- Mutations
Le mouvement interdépartemental des enseignants du premier degré fait l'objet d'une note de service précisant ses modalités. L'administration souhaite favoriser le rapprochement des conjoints.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/39/perso.htm

- Congés scolaires
Qu'on se le dise : les vacances de Noël auront bien lieu du 23 décembre au 8 janvier.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/39/ensel.htm

- Fêtes
Le B.O. publie le calendrier des fêtes religieuses pouvant faire l'objet d'autorisations d'absence en 2001.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/39/perso.htm

- GEANT
Le ministre de la Recherche et la commission européenne lancent le projet GEANT. Il permettra l'interconnexion des réseaux de recherche et d'éducation européens avec, dès 2001, une capacité de 2,5 Gigabits par seconde.
http://www.recherche.gouv.fr/discours/2000/cpgeant.htm

- Culture
L'UNESCO publie son rapport mondial sur la culture. L'ouvrage comprend des articles de fonds sur la culture et le développement économique, les processus socioculturels mondiaux, les marchés culturels, ainsi que des séries statistiques très complètes pour l'ensemble des pays de la planète. Ainsi elles permettent de comparer la consommation de presse, de radio, de télévision, de films, de musique d'un pays à l'autre. Mais sont également accessibles les tables relatives à la fréquentation des musées, au tourisme international, au courrier postal, à l'équipement informatique, aux noeuds internet, au respect des droits humains, à l'éducation. Des statistiques économiques (PNB etc..) complètent le dossier. Un outil quasi indispensable pour les enseignants.
http://www.unesco.org/culture/worldreport/html_fr/index2.htm

- Encyclopédies
L'encyclopédie Hachette est maintenant accessible sur le site Voila : 50 000 articles, 64 000 définitions, des cartes et des photos adaptés à l'école et au collège. Bien utile également "Le grand dictionnaire terminologique" mis en ligne au Québec. Il rassemble un fonds d'environ 3 millions de termes français et anglais dans 200 domaines d'activité.
http://encyclo.voila.fr
http://www.granddictionnaire.com/

- Étranger
Le B.O. spécial n° 13 publie la liste des échanges et actions de formation à l'étranger. Rappelons que le B.O. spécial 12 publie la liste des postes à l'étranger.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/special13/som.htm
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/special12/som.htm

- Presse
La 12ème semaine de la presse à l'école aura lieu du 12 au 17 mars 2001. Le B.O. publie le dispositif pédagogique et appelle les enseignants à la prudence dans la distribution de la presse : il s'agit de privilégier une lecture critique des médias.
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/39/ensel.htm

- Carrefour
"Le Bulletin du Carrefour éducation" est un magazine électronique canadien qui rend compte régulièrement des actions québécoises en faveur des TICE. Le Carrefour fait connaître les sites et les projets éducatifs.
http://carrefour-education.telequebec.qc.ca/fr/babillard.asp

- Télévision
"Téléscope" le magazine du CNDP a disparu. Mais voici "Télédoc" qui rend compte en ligne des émissions de télévision à caractère éducatif. Elles sont classées par niveau (primaire) et disciplines. Certaines bénéficient de dossiers pédagogiques. C'est le cas par exemple cette semaine pour une émission sur les volcans, le procès Barbie, une émission sur le sort des filles en Inde.
http://www.cndp.fr/tice/teledoc/

- Conseil stratégique
Le décret 2000-1080 du 7 novembre anonce la création du Conseil stratégique des technologies de l'information. Il a pour mission d'éclairer les choix du gouvernement en matière de développement des technologies de l'information.
http://www.admi.net/jo/20001109/PRMX0004441D.html

- Internet en famille
Au Québec, le gouvernement a lancé un programme d'accession des familles à internet. Grâce à des bons d'achat publics, les familles modestes sont aidées à s'équiper en ordinateur et à payer le fournisseur internet. Un programme exemplaire dont ont déjà bénéficié plus de 100.000 foyers québécois.
http://www.autoroute.gouv.qc.ca

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Vous utilisez les TICE en classe :

faites-nous part de votre expérience
par un article court (2 à 3 pages),
original, en mode texte ou en RTF,
décrivant votre démarche.

Vous en ferez bénéficier les milliers de lecteurs d'EPI.Net !

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- Assises internationales
Les 15 et 16 décembre se tiendront à Poitiers les assises internationales des TICE avec comme thème central : "comment évaluer l'apport des TICE à l'enseignement ?"
http://hebergement.ac-poitiers.fr/soft-qui-peut/Soft2000/assises/index.htm

- Netd@ys
Les Netd@ys 2000 seront lancés le 22 novembre au Salon de l'éducation. Seront-ils à la hauteur des crus historiques des pionniers ?
http://www.educnet.education.fr/actu/netdays.htm
http://netdays.crdp.ac-strasbourg.fr

- Juridique
Internet a offert un nouvel espace pour le droit. En s'appuyant sur la jurisprudence la plus récente, "Le Journal du Net" répond clairement sur des points de droit que les enseignants doivent connaître : le droit du mail, les responsabilités des hébergeurs. A lire également sur Juriscom, l'analyse juridique sur le viol de la correspondance privée qui a eu lieu dans un établissement d'enseignement. Les responsables réseaux qui avaient lu le courrier d'un élève ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris. Au Québec, le gouvernement publie un guide sur "l'implantation de services de courriel dans les écoles" qui aide les enseignants à respecter les droits des personnes.
http://www.journaldunet.com/juridique/juridique.shtml
http://www.juriscom.net/actu/index.htm#1103
http://www.autoroute.gouv.qc.ca/publica/pub_secur.htm

- Virus
"Navidad" est un nouveau "vers" circulant sur le réseau. Il se présente comme un fichier attaché à un message électronique appelé "Navidad.exe". Après lancement du fichier, le message "UI Error" apparaît à l'écran. Le vers modifie la base de registre de Windows (95, 98, 2000 ou NT) et perturbe le fonctionnement de tous les programmes de l'appareil. Il sait se reproduire en utilisant Outlook et en envoyant un message infecté à vos correspondants. Finalement le virus place un oeil bleu dans la barre des taches. Les sites de Symantec et Mac Afee expliquent comment le supprimer.
http://www.symantec.com/avcenter/venc/data/w32.navidad.html
http://clinic.mcafee.com/clinic/ibuy/campaign.asp?cid=1956

- Vache folle
C'est sans doute le sujet le plus médiatique du moment. Parmi les nombreuses ressources en ligne signalons le site de l'INRA qui fait le point des connaissances sur la maladie, ses symptômes, sa transmissibilité. L'INRA diffuse également une liste de diffusion consacrée à l'ESB. Le site Intercarto met en ligne une carte des cas d'ESB en France à jour au 9 novembre. Un site britannique officiel, The BSE Enquiry, délivre également une information sérieuse. Le point de vue de la profession agricole est sur "Agrionline".
http://www.inra.fr/Internet/Produits/dpenv/vfol__8.htm
http://www.inra.fr/Internet/Produits/dpenv/vchfoliste.htm
http://www.intercarto.com/html/actualite/esb3.htm
http://www.bseinquiry.gov.uk
http://www.agrionline.com

  

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PÉDAGOGIE

Des séquences pédagogiques interactives

Caroline d'Atabekian, Alexis Kauffmann

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Des séquences pédagogiques interactives

Depuis l'an dernier, nous élaborons et expérimentons au collège République à Bobigny (93) des séquences de cours sur ordinateur. En fait, l'ordinateur n'est pas le seul outil de travail mais vient s'ajouter au cahier et au stylo.

Le professeur conçoit une séquence pédagogique qui sera présentée aux élèves sous forme de pages html. A chaque page correspond une séance de cours et un objectif. Une page contient trois types d'information, fortement différenciées entre elles dans leur présentation :
- quelques paragraphes de cours
- des exercices interactifs d'entraînement ;
- des consignes d'exercices que les élèves doivent réaliser sur une feuille à part (la "fiche élève") et qui sert à l'évaluation.

Une séquence s'étale donc, conformément aux instructions officielles, sur deux à trois semaines environ, où tous les cours ont lieu dans une salle informatique.

Le déroulement des cours

Une fois installés, les élèves commencent par sortir leurs cahiers puis reçoivent la "fiche-élève" correspondant à la séance du jour, sur laquelle ils devront faire les exercices dont les consignes leur seront données sur l'ordinateur au moment opportun. Cette fiche sera rendue au professeur à la fin de la séance, pour l'évaluation des élèves.

Ils ouvrent ensuite le navigateur et se dirigent vers la page d'accueil de la séance du jour (ils retrouvent en fait le sommaire et, en se référant au cours précédent, repèrent où ils en sont) ; ils prennent alors leur cahier, notent le titre de la séance sur la page de droite (où ils recopieront d'ailleurs les paragraphes de cours présentés par l'ordinateur), et laissent la page de gauche libre pour y coller la fiche élève lorsqu'elle leur aura été rendue par le professeur.

Le cours interactif commence alors ; dans le navigateur la page de cours est affichée, et les élèves la font défiler, rencontrant les paragraphes de cours, les exercices interactifs ou les exercices à faire sur la fiche. Les paragraphes de cours doivent être recopiés sur le cahier, les exercices interactifs doivent bien entendu être faits sur l'ordinateur à titre d'entraînement, et les exercices dont les consignes sont données sur l'ordinateur doivent être faits par écrit sur la fiche élève. Il n'y a pas d'ordre donné pour ces trois types d'information ; selon les séances, l'élève rencontrera d'abord un exercice interactif, ou bien d'abord un paragraphe de cours ou encore un exercice à faire sur feuille.

De cette façon, chaque élève avance à son rythme dans la séance. Cependant, au début d'une séance tous les élèves sont toujours à la même page ; en effet, les cours sont prévus pour durer environ quarante-cinq minutes pour un élève moyen. Les plus rapides terminent donc avant les autres, et sont alors invités à faire des exercices d'approfondissement, qui ne sont en général que des exercices interactifs, mais qui peuvent aussi comporter quelques paragraphes de cours ou quelques exercices à faire en plus sur la fiche. Ces exercices, comme leur nom l'indique, permettent d'approfondir la notion qu'on s'est proposé de faire acquérir aux élèves lors de la séance. Ainsi, à la fin du cours, les plus lents devraient avoir acquis l'essentiel, tandis que les plus rapides auront pu approfondir la notion. Ce procédé risque certes d'accroître l'hétérogénéité de la classe, mais il a le mérite de mettre en place une pédagogie différenciée efficace et facilement gérable.

A la séance suivante, on se réserve du temps (variable selon la séance qui précède et les difficultés rencontrées par les élèves) pour corriger la fiche élève et, par ce biais, les mettre explicitement en rapport avec les paragraphes de cours que les élèves ont copiés. Il n'est bien entendu pas souhaitable qu'une séance soit interrompue par la sonnerie, mais cela est inévitable, comme dans tout cours, et ne pose pas de problème majeur.

Nous avons pris l'habitude de nommer "séances" une progression de trois ou quatre séances effectives de cours (qui sont proches thématiquement), ce qui risque ici de poser un problème de polysémie ; disons qu'après trois à quatre cours en moyenne, on réserve un cours qui est un bilan de ces cours, composé exclusivement d'exercices interactifs qui récapitulent les connaissances censées avoir été acquises lors des cours précédents. Ces bilans servent à préparer une évaluation au cours de la séquence. A chaque page du bilan correspond un exercice interactif et une compétence à connaître pour l'évaluation qui aura lieu en classe sur feuille. L'élève inscrit donc sur son cahier le titre de chaque exercice (qui est l'intitulé de la compétence à avoir) et, en face, le score (en pourcentage) qu'il a obtenu. A la fin du bilan, il possède donc une grille qui lui indique précisément à quel degré il maîtrise telle ou telle compétence. Il doit donc analyser cette grille pour en déduire les révisions particulières qu'il lui faudra faire pour le contrôle.

Les avantages

L'aide individualisée
L'enseignant n'est plus le possesseur du savoir, il laisse ce rôle symbolique à l'ordinateur ; en revanche, il en devient un médiateur indispensable, et se retrouve par là même beaucoup plus disponible pour aider individuellement tout élève qui en a besoin.

La pédagogie différenciée
Ce travail est susceptible d'apporter des éléments de réponse en un même temps à deux questions fondamentales : comment remédier aux lacunes de nos élèves les plus démunis ? Comment tirer vers le haut nos meilleurs élèves ? L'élève parcourt les pages de cours selon son niveau, et peut toujours consulter les anciennes pages lorsqu'il a une lacune, ou bien approfondir grâce aux pages prévues à cet effet. Ainsi, nul n'est en reste.

Le développement de l'autonomie
L'élève doit gérer lui-même son parcours ; il peut, à tout moment :
- revenir sur les pages déjà consultées (et ce depuis le début de l'année) ;
- consulter un dictionnaire spécifique ou être dirigé par l'enseignant vers un autre logiciel plus approprié à la difficulté qu'il rencontre ;
- s'auto évaluer grâce aux tests interactifs qui figureront à la fin de chaque séquence.

La motivation
Il est évident qu'une telle structure est un facteur de motivation non négligeable. L'expérience a montré que les élèves s'impliquaient avec plaisir dans ces cours, ce qui réduit considérablement les problèmes d'indiscipline, créant ainsi une ambiance plus propice à la concentration.

L'accueil chez les élèves

Nous n'avons jamais rencontré de résistance à proprement parler ; il y a bien entendu un temps de familiarisation des élèves à l'interface, durant les deux ou trois premiers cours, mais ils deviennent vite autonomes. Le principal écueil pour l'enseignant est d'apporter son aide aux élèves qui le lui demandent, et d'oublier ceux qui ne comprennent pas et ne demandent rien. Il faut donc surveiller les écrans et les fiches pour voir si l'élève progresse au cours de la séance.

Quel bilan ?

Nous avons commencé au troisième trimestre de l'année dernière. Tout ce qui s'est fait alors était expérimental, et nous a permis d'élaborer un projet plus clair pour cette année, soutenu par notre chef d'établissement ; Au début, nous travaillions sans fiches-élèves, et nous nous sommes vite rendus compte que les élèves aimaient surtout les exercices interactifs et ne lisaient parfois ni le cours, ni même les consignes ! (Nous sommes en zone sensible). Peu à peu nous avons donc réintégré le cahier dans les cours puis, pour que les séances ne deviennent pas un jeu, nous avons introduit la fiche-élève, qui avait l'avantage d'une part de rendre l'élève plus responsable (puisqu'il sait qu'il va être noté), d'autre part de nous permettre une évaluation à chaque séance. Ainsi, nous pouvons remplir une grille précise des notions acquises ou pas par chaque élève, et de la remédiation à apporter lors de la correction.

Nous avons maintenant une classe commune dont tous les cours de français et de mathématiques se font en salle informatique (ce qui ne veut pas dire qu'on utilise les ordinateurs tous les jours! En fait, notre salle informatique possède l'avantage d'avoir de grandes tables que l'ordinateur n'occupe pas entièrement). La séquence que je propose en téléchargement est celle que j'ai entreprise au début de cette année pour cette classe de sixième, en français. Je l'ai donc testée sur mes élèves, et le résultat me paraît assez satisfaisant dans son fonctionnement. Il reste, bien entendu, à modifier quelque peu la séquence d'un point de vue didactique (surtout si elle est utilisée par des professeurs travaillant dans des établissement "normaux"!, puisque nous avons un des scores de réussite les plus bas parmi ceux de la Seine Saint-Denis, ce qui n'est pas une mince référence). Mes élèves, en effet, l'ont trouvée facile au début ; je pourrais donc passer plus raidement sur les premiers cours et approfondir davantage.

Généralement, les élèves obtiennent de bonnes notes sur leurs fiches-élèves ; j'ai été plus déçue par les résultats du premier contrôle (après la séance 1) ; je ne pense pas que le contrôle ait été trop difficile, je pense plutôt que la séquence est trop facile. Il faut dire que si notre salle informatique a des avantages, elle a en revanche l'inconvénient de ne posséder que douze postes, de sorte que les élèves travaillent à deux... de sorte que bien souvent, un élève sur deux travaille. Il est évident que pour des conditions optimales, il faut un élève par poste.

La cyberthèque

Les séquences ainsi conçues peuvent être conservées, réutilisées par tous et modifiées au gré de chacun à l'aide du plus simple des éditeurs html. Nous avons conçu sur ce modèle des séquences de français et de mathématiques, mais aussi des séquences interdisciplinaires français/mathématiques, considérant que la plus grande difficulté des élèves en mathématiques venaient directement de leurs difficultés en français.

Nous avons mis en ligne quelques séances d'une séquence, "COMPRENDRE LES CONSIGNES", niveau 6ème, à titre d'exemple (http://mapage.noos.fr/framaweb) ; celles-ci sont proposées en téléchargement avec les fiches élèves. Notre objectif est de créer une "cyberthèque" avec tous les enseignants intéressés, pour mettre en ligne le maximum de séquences et proposer ainsi ces ressources à tous les enseignants.

Caroline D'ATABEKIAN
(professeur de français)

Alexis KAUFFMANN
(professeur de mathématiques)

CLG République
BOBIGNY (93)

Nous contacter :
framaweb@noos.fr
http://mapage.noos.fr/framaweb

Vos réactions : epinet@melusine.eu.org

  

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CÉDÉROM

Alternatives économiques

CRDP Languedoc-Roussillon

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Le cédérom "Alternatives économiques" a déjà été présenté dans ces colonnes. Le CRDP du Languedoc-Roussillon publie une 4ème édition de cet excellent outil.

Cette nouvelle version garde les fonctionnalités des éditions antérieures : accès aisé à l'information grâce à un thésaurus hiérarchique ou alphabétique, dictionnaire économique et social en ligne, navigation aisée, possibilités d'impression et de copier-coller.

Le principal changement vient de l'augmentation de la base d'articles puisque le cédérom contient tous les articles parus dans "Alternatives économiques" de janvier 1993 à août 2000. Ainsi il franchit le cap des 10 000 articles avec plus de 11 000 articles et documents infographiques dont 3 100 graphiques, schémas et tableaux. Du coup une nouvelle fonctionnalité permet à l'utilisateur de limiter sa recherche au nombre d'années désirées (par exemples articles de moins de deux ans).

Ce cédérom est facilement utilisable par les élèves. Pour les professeurs il constitue une base documentaire précieuse pour l'enseignement des SES. On ne peut qu'en recommander l'acquisition.

Alternatives économiques. Le cédérom.
L'information économique et sociale janvier 1993 - août 2000.
4ème édition. CRDP du Languedoc-Roussillon.
PC Pentium. Versions monoposte et multiposte.

  

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BIBLIOGRAPHIE

Le décrochage scolaire : une fatalité ?

V.E.I. enjeux, numéro 122, septembre 2000.

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"Le décrochage scolaire n'est pas un phénomène nouveau, mais il est devenu, comme en son temps 'l'échec scolaire', un phénomène social et, de ce fait, préoccupant" (P. Rayou page 48). C'est sans doute cette attente de la société qui justifie ce numéro 122 de "VIE Enjeux", tout entier consacré au "décrochage".

L'originalité de l'ouvrage réside dans la variété des regards portés sur ce phénomène. Les 16 articles sont signés par des chercheurs venant d'horizons géographiques et de spécialités différentes. S'il n'est évidemment pas possible de présenter ici chaque participation, on peut témoigner de ces différents éclairages.

Plusieurs intervenants mettent en avant l'évolution du système scolaire comme facteur de décrochage. Ainsi Jean-Paul Caille suit la trajectoire scolaire et familiale d'un échantillon d'élèves. Il montre que, pour la plupart, les difficultés scolaires apparaissent dès le primaire : 76% des décrocheurs ont redoublé au primaire. Mieux encore, le résultat final dépend de l'orientation durant le secondaire : les formations professionnelles courtes (BEP) permettent de "raccrocher" les élèves. Pour Sylvain Broccolichi le système éducatif a du mal à gérer des élèves qui, en d'autres temps, auraient quitté le système scolaire plus tôt.

C'est déjà glisser vers des explications sociologiques. C'est ce que font Halima Belhandouz et Claude Carpentier en montrant comment le poids du passé sur les épaules des enfants de harkis. Pour Chantal Guérin-Plantin durant la crise, la société a souhaité garder les jeunes à l'école plus longtemps alors qu'en même temps celle-ci était dévalorisée. Chantal Nicole-Drancourt montre l'évolution de la scolarisation des jeunes durant les Trente glorieuses. En 1954 seulement 13% des jeunes de 15 à 25 ans étaient scolarisés. En 1968 ils étaient 37%. En 1990 : 59%. Ainsi le parcours des jeunes vers l'emploi a changé. Pour l'auteur le décrochage ou "l'accrochage" doivent s'analyser comme des étapes des stratégies prudentes des jeunes vers l'emploi qualifié et rémunéré.

Un chercheur canadien, Michel Janosz, fait le bilan d'une littérature nord-américaine particulièrement impressionnante. C'est que le phénomène du décrochage y est étudié depuis plus longtemps et qu'il y est plus massif. Alors qu'en France 9% des jeunes quittent le système scolaire sans qualification, ce serait un garçon sur trois et une fille sur quatre outre-atlantique. Des recherches américaines il résulte que, si le décrochage correspond à des profils d'élèves bien différents, certaines conditions scolaires le favorisent ou en diminuent le risque. Pour M. Janosz, il est important de maintenir le lien avec les parents et de les faire intervenir très tôt en cas de difficulté avec l'élève. Les enquêtes nord-américaines montrent également que l'école doit être plus soutenante que punissante.

Enfin, ce numéro de VEI Enjeux s'est intéressé aux réponses institutionnelles françaises. Il donne la parole aux enseignants des lycées autogérés (L.E., L.A.P. etc.). Ils montrent comment leur pratique pédagogique inclut les élèves dans la vie de l'établissement. Mais ces élèves, qui sont tous volontaires pour intégrer ces lycées et doivent y subir une véritable période d'essai, sont-ils des "décrocheurs"?

Il est dommage que cet ouvrage, si intéressant, ne réfléchisse pas sur les possibilités nouvelles apportées par les TICE et l'enseignement à distance pour lutter contre le décrochage. L'E.A.D. devrait très bientôt permettre des parcours scolaires "à la carte" et ainsi "raccrocher" une partie des élèves en difficulté.

François Jarraud

Le décrochage scolaire : une fatalité ?
V.E.I. enjeux, numéro 122, septembre 2000, Paris, CNDP, 276 pages, 46 F.

Plusieurs articles sont consultables en ligne à
http://www.cndp.fr/RevueVEI/dernier.htm

Vos réactions : epinet@melusine.eu.org

  

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LE TOUR DE FRANCE
DES PRATIQUES PÉDAGOGIQUES

En Guadeloupe, Jean Sahaï

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"An gwo lanmen baw. Sitwèl la sa mérité ki moun gwadloup konnèt li plis, alos ki moun tout koté asi latè ja konnèt li" - traduction : "Solide poignée de main à toi. Ce site mérite d'être plus connu en Guadeloupe, alors qu'on le connaît déjà à l'autre bout du monde." (JV., Maître de Conférences de mathématiques, Université Antilles-Guyane).

Ce message en créole adressé à Jean Sahaï l'atteste : c'est en Guadeloupe qu'il développe son site internet. Il le fait avec beaucoup de fierté pour ses origines et son île. Mais à l'évidence ce n'est pas chose aisée dans cette île éloignée de la métropole au passé riche, mais lourd, et toute proche de l'univers anglophone.

- Jean où enseignez-vous ?

- Je suis PLP2 anglais-lettres en Section d'Enseignement Professionnel du LPO Caraïbes Baimbridge, j'ai des classes de 1ère année de BEP Mécanique auto, bateau, et hôtellerie.
Je suis né ici à la Guadeloupe. Mes ancêtres sont venus de l'Inde, après l'abolition de l'esclavage.
Nous commémorerons en 2004 le cent-cinquantenaire de l'arrivée des premiers "coolies" indiens sur le navire "L'Aurélie" le 24 décembre 1854. J'espère publier un livre à cette occasion. D'ici là, je rapporte le récent passage dans l'île de l'écrivain britannique David Dabydeen dont l'oeuvre traite beaucoup aussi de la saga des Indiens, dans la Caraïbe anglophone. L'info est sur ma Page à http://www.outremer.com/~sharad/agreg/david.html

- Ce n'est sans doute pas par hasard que votre site est tourné vers le monde anglophone.

- Oui, quand on a ces origines (les Indiens de Guadeloupe, considérés comme citoyens britanniques, n'ont obtenu le droit de voter comme Français qu'en 1923, après un dur combat...), quand on vit entouré d'îles anglophones, il n'y a guère de mérite..., même si la culture française, l'acculturation diront certains, a gommé indianité ou anglophilie et parisianisé les frantillais...
Et donc, depuis 1996 je poursuis cette balade dans le monde angliciste, ma page d'anglais et d'agrégation :
http://www.agreg.fr.fm.

- A qui s'adresse ce travail ?

Aux enseignants et étudiants anglicistes, et à tous les curieux. Il traite de multiples aspects de l'enseignement de l'anglais en France (il y aurait encore... assez à faire pour créer un emploi à temps plein!)... La page vise à éclairer au maximum les candidats à l'agrégation interne d'anglais sur les facettes de ce rude concours, et par extension, les candidats à l'externe, aux CAPES et CAPLP2 d'anglais.
Elle tient à être un lieu de rencontre et d'échanges entre candidats d'une part, avec les spécialistes des sujets au programme de l'autre.

Récemment s'est ajoutée la liste "agreg-anglais" qui répond à un besoin, si l'on en croit les échanges ("peut-on envoyer ses devoirs par e-mail au CNED ?... merci à ceux qui peuvent aller aux colloques et nous font partager notes ou impressions"...).

Avec la complicité de Philip Benz en Ardèche, nous avons lancé des conférences virtuelles interactives, les "Agreg Nights" du dimanche soir
http://www.ardecol.ac-grenoble.fr/english/ti/frtapped.htm

Nous avons déjà traité 2 sujets d'agrég 2001 : "Manifest Destiny" et "Great Expectations" avec l'outil en ligne "Tapped In". Nous prévoyons des interventions de spécialistes et universitaires français (pas encore de réponses, nous cherchons des propositions), de spécialistes étrangers collègues agrégés, sujets : traduction, dissertation, didactique, épreuves orales...

Nous allons tenter de disséquer la chose, et quel bonheur de suivre des conférences d'agreg chez soi, le dimanche soir en petite tenue! Tôt ou tard on en viendra aux préparations interactives de ce type... devoirs papier postés, escalades sur tabourets des libraires, c'est (presque) en train d'être dépassé...

- Quel rapport avec la Guadeloupe ?

- Devant l'échec répété à l'agrégation d'anglais des candidats antillais, dû surtout à l'absence de stratégie de réussite, j'ai voulu envisager pour moi-même, puis pour tout l'outre-mer, une possibilité de cyber-formation à distance.
Je voulais en outre cerner au plus vite les nouveaux défis qui se posent aux enseignants d'anglais avec l'arrivée des nouvelles technologies. Tout cela a pris du retard en Guadeloupe, mais il existe cependant une Page Académique d'anglais http://www.ac-guadeloupe.fr/web1/cati971/PEDAGO/Anglais/Default.htm

Aucun de mes 12 collègues anglicistes n'utilise Internet dans l'établissement ni l'e-mail... C'est dramatique. Faut dire qu'une fâcheuse tendance sévit ici : toujours suivre la métropole, ne pas s'autoriser à être pionnier ou précurseur, prendre pour de la rigolade les initiatives locales, en toiser les auteurs! Illustration type : la salsa, danse originaire de chez nos voisins Cubains, fait fureur aux Antilles Françaises... après être devenue la coqueluche en France.

- Qu'est ce qui vous motive à changer cet état de choses ?

- J'ai raconté dans un article l'aventure d'un prof d'anglais qui de son île découvre Internet et met dès 1996 à la disposition de ses collègues de France une page pour préparer l'agreg d'anglais...
http://www.outremer.com/~sharad/agreg/rhum.html

A l'époque, personne ne m'a pris au sérieux, alors que travailler sur internet coûtait (et coûte encore!) une fortune en téléphone. Les collègues de métropole utilisent largement ma page, pour les concours ou la classe, alors que je n'ai pas encore pu m'en servir avec mes propres élèves, faute d'ordinateurs connectés !!!

- Quels sont vos contacts avec l'institution ?

- Lorsque je me suis lancé en 1996 j'ai adressé par correction au Rectorat de l'Académie de Guadeloupe un courrier pour lui faire savoir ce que je faisais, et la réponse a du se perdre en chemin... Ou peut-être que cette initiative a déplu... Force est de constater que l'institution souffre d'un mal étrange quand il s'agit de reconnaître et de soutenir en son sein ceux qui font preuve d'originalité et de créativité, qu'elle considère avec méfiance ou indifférence.

J'ai aussi le plus grand mal à intéresser les collègues locaux. De Paris, M. Guy Pouzard, IGEN des NTIC dans l'éducation, m'a écrit et encouragé. Hélas ceux qui comprennent n'ont pour prêter main forte que le moyen des mots... Je dois remercier aussi les collègues qui m'ont aidé à voir clair dans mon projet, ceux qui continuent de le soutenir, de la Lorraine à Mayotte en passant par Pau, Rouen ou Villetaneuse... et vous aussi, François.

Comme me le disait récemment une collègue qui a finalement cessé de produire pour son académie (est-ce là une tendance ?), "on a l'impression de travailler pour le roi de Prusse, à toujours fournir des choses au nom du bénévolat et du sens de la communauté, et parce que ça nous amuse de produire... Après un certain temps cela devient pénible : on aimerait qu'il y ait un retour... Ceux qui en profitent n'hésitent pas à pomper sans rien donner en retour... ".

- En Guadeloupe vous êtes tout près du monde anglophone. Cela devrait aider votre projet...

- Oui. Nous sommes des francophones qu'entoure une anglophonie particulière, ni britannique, ni américaine, mais riche en culture et littérature, et il est temps d'aider les profs d'anglais aux Antilles à s'en souvenir, à prendre en considération l'environnement anglophone naturel, immédiat : la Caraïbe (The West Indies) dont nous sommes totalement coupés - aberration due à la langue, à notre histoire géopolitique, à l'inadéquation des manuels scolaires aussi...

De toutes récentes instructions ministérielles préconisent l'adaptation des programmes aux réalités des Départements d'Outre-Mer, et les collègues de Métropole sont invités à s'intéresser à ces environnements, pour ne pas raconter aux élèves des sornettes comme "le reggae est une musique anglaise...".

D'autre part les anglicistes sérieux ne peuvent ignorer la forte influence des écrivains anglophones caribéens comme Sam Selvon, George Lammings, Wilson Harris sur la littérature et la langue anglaises. David Dabydeen dit que par l'usage du créole et les libertés prises avec une langue autrefois imposée, ils épicent et font danser l'anglais (et le français), les enrichissent et les sortent de leur rigidité. Il est temps de placer un volet "Caribbean Environment" sur ma Page!

- Comment faites vous pour développer une telle activité dans cet isolement ?

- J'y consacre énormément de temps, un boulot d'ermite, une fortune en téléphone, aïe !... Je n'ai à ce jour reçu aucune aide, officielle ou non. L'usure fait son oeuvre : le temps des pionniers d'Internet a vécu, le charme est rompu, la médiocrité semble l'avoir emporté, la récupération aussi... Il est normal d'avoir envie de s'intéresser à autre chose, de prendre du recul...

- Que deviendra votre site ?

- Peut-être un éditeur s'y intéressera-t-il et voudra le reprendre... Je suis outré qu'on ne m'ait accordé cette année en tout et pour tout qu'une décharge d'une heure pour "m'occuper de ça" - l'informatique au Lycée..., qu'on m'ait "exilé" l'an dernier dans un Collège sur l'ilôt de Terre de Bas - je prenais le bateau à mes frais deux fois par semaine pour rentrer mettre ma page à jour...

- Pourtant des collègues apprécient votre page, y contribuent même...

- Ils semblent enchantés de son existence, de ce ton différent de celui des outils classiques, de l'humour aussi... Parfois je frise l'impertinence, j'écris que dans le rapport du jury d'agreg interne, les enseignants en poste qui se sacrifient pour préparer l'agreg interne d'anglais, les quadra-/quinquagénaires, ne sont vraiment pas respectés... ces opinions n'engagent que moi...

Parmi les agrégés qui contribuent, il en est d'originaux qui admettent ne pas avoir préparé le concours en bachotant comme des ânes, comme la tradition le veut, mais en continuant à faire des courses de voiture ou de l'élevage de chiens de race!... Il y a là quelque chose à comprendre... des stratégies à découvrir... D'autres écrivent pour proposer réflexions, tuyaux, sites sur les sujets au programme, ou narrer leurs ébats à l'oral l'an dernier... Jetez un oeil à la section des témoignages
http://www.outremer.com/~sharad/agreg/temoignages.html.

- Utilisez vous vos travaux en classe ?

- A part quelques documents imprimés tirés d'Internet, non, pas comme je le voudrais, faute d'équipement connecté consacré aux classes de langues dans l'établissement.

- Vos collègues utilisent les ressources ? Vous recevez beaucoup de visites ?

- Régulièrement je reçois des courriers de profs d'anglais qui utilisent les ressources proposées dans leurs cours - par exemple en Lorraine, voir
http://www.outremer.com/~sharad/agreg/apache.html
et aussi des encouragements de professeurs et maîtres de conférence préparateurs à l'agrégation (Sorbonne nouvelle, Jussieu, Lyon,...).

Les collègues des Antilles, ils doivent bien passer par là de temps à autre, mais ne laissent pratiquement pas de messages... c'est un peu la psychologie du coin ! Nos responsables institutionnels, n'ont pas, eux, le temps de "surfer surfait", comme on les comprend !...

J'entends dire qu'on cherche des formateur Multimédia pour les profs d'anglais, qu'on en fera venir de métropole... entendez frais d'avion, hôtel-restau, plus méconnaissance du terrain et de la personnalité locale. Il eût été sans doute plus réaliste d'envoyer en formation ceux qui réalisent des choses, pour qu'ensuite ils forment leurs collègues. Il est bon que des enseignants soient formés par des enseignants. Je n'ai jamais été formé ni été pressenti pour l'être, je reste un bricoleur!

C'est donc en France "métro" que mon travail fructifie le plus, en collaboration avec tous ces collègues qui font aussi des pages pour l'anglais. J'ai lancé l'an dernier sur e-teach, liste des profs d'anglais, l'idée d'une rencontre des collègues qui utilisent les NTIC pour enseigner l'anglais."Cyber-Langues 2000" a effectivement eu lieu en Ardèche l'été dernier. Le compte-rendu est ici http://www.ardecol.ac-grenoble.fr/english/tice/frt-conf.htm

En présence de M. Frédéric Bernard, Inspecteur de l'Académie de Grenoble, le colloque a réuni entre autres intervenants au CRDP de Privas en Ardèche Mmes Christine Reymond (réseau "Tandem" de correspondance e-scolaire, e-hebdo "Infonews") ; Annie Gwynn (expériences d'exercices multimédias autocorrectifs) ; Françoise Raby, formatrice en IUFM à Grenoble (ses recherches dans le travail collaboratif à distance) ; M. Rolf Obergfell venu d'Allemagne (liens unissant la formation des professeurs à l'apprentissage des élèves, son logiciel de vocabulaire Computer-Lehrnkartei) ; M. Philip Benz (projet de communication par forums en ligne, la création des WebQuests)...

- A vous entendre, on a l'impression que votre site est taillé à la mesure de votre personnalité : un pont entre les mondes anglophone et francophone, la recherche des racines...

- M. le Secrétaire de la SAES, la vénérable Société des Anglicistes de l'Enseignement Supérieur, m'a fait l'honneur de m'écrire un jour : "Votre Site est à cheval sur l'Europe et le Nouveau Monde, ce qui lui donne une saveur particulière"... Oui, je vis la traversée d'un passionnant et "challenjuteux" présent, où se TICEnt l'inter-ethnicité des cultures du monde et les nécessaires rapprochements avec son environnement - une aventure linguistique, cyberbalistique, intercontinentale...

- En conclusion ?

- Je ne regrette pas d'avoir gardé l'indépendance, elle m'a permis de développer ma page avec passion. L'audience grandissante renforce ma conviction que cet effort vient à point nommé, qu'il a un sens, qu'il était nécessaire à bien des égards, qu'il est en grande partie une réussite. Les 1.800 clics-hits par semaine, chiffre en progression, me le prouvent.

Au bout de près de cinq années, je dois aussi gérer l'étonnement de n'avoir encore décroché une aide ou reconnaissance en haut lieu. Mais si j'ai pu aider quelques collègues enseignants ou candidats aux concours, offrir d'agréables promenades dans le monde angliciste, stimuler quelque avancée dans la recherche, tout ceci depuis une île surtout vouée à la consommation du travail et des produits d'ailleurs, je dois m'estimer heureux d'avoir pu "remonter la Route du Rhum"!

Jean-Samuel Sahaï
<agreg@fr.fm>
http://www.agreg.fr.fm

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(fin de la première partie)
Prochain numéro le 30 novembre 2000.

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(04/12/00)

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