EPI.NetLe magazine électronique de l'E.P.I.
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L'enquête fait apparaître plusieurs facteurs. L'équipement en ordinateurs dans la classe est évoqué par certains enseignants : comment gérer un groupe de 30 élèves avec un seul ordinateur ? Le manque de temps est également cité. L'utilisation des nouvelles technologies nécessite une préparation plus longue que l'utilisation du bon vieux manuel. Le coût des logiciels est un handicap, d'autant qu'un quart des enseignants paye de leur poche les programmes utilisés en classe. La formation joue un rôle plus déterminant. Plus l'initiation aux TICE a été longue, plus l'enseignant a de chances de les utiliser en classe, et cela quel que soit son âge. Les TICE ne sont pas l'apanage des jeunes. Plus intéressant : Ronald Anderson et Hank Becker établissent un lien entre nouvelles technologies et représentations pédagogiques. La majorité des enseignants dont les élèves utilisent régulièrement Internet se considèrent comme constructivistes, adeptes d'une pédagogie qui estime que les élèves apprennent plus facilement quand ils construisent eux-mêmes leurs connaissances à travers des pratiques collaboratives. La majorité des enseignants qui disposent d'un accès Internet mais ne l'utilisent pas en cours se considèrent comme des enseignants traditionnels. Ils font plus confiance à l'enseignement magistral. Cela donne à penser que l'attitude envers la pédagogie constructiviste affecte fortement l'intégration des nouvelles technologies dans l'enseignement. Ainsi, pour les auteurs de cette étude, si les problèmes matériels ont leur place, ce sont bien les conceptions pédagogiques des enseignants qui freinent ou accélèrent l'entrée d'Internet dans la classe. Et si les nouvelles technologies relançaient un débat pédagogique plus ancien ? Et si le "retard" n'était que le signe visible d'une langueur pédagogique ? http://www.edweek.org/sreports/tc99/articles/summary.htm ===============================================================================
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L'idée d'utiliser Internet à l'école laisse rarement indifférent et de plus en plus nombreux sont les enseignants qui tentent l'aventure. Toutefois un flou important règne encore sur le bénéfice pratique d'une telle entreprise et plus encore sur les modalités possibles de sa mise en oeuvre. L'usage scolaire du réseau Internet peut se comprendre de manières très diverses. Parmi ces modalités trois utilisations reviennent fréquemment : il s'agit de l'échange de documents électroniques divers (courriers électroniques, messageries, forums de discussion), de la navigation sur le Web à la recherche de ressources documentaires à visualiser ou à imprimer, ou encore la publication de pages électroniques sur le Web. C'est cette dernière orientation qui nous intéresse ici. ÉCRIRE SUR LE WEB, LIBERTÉS ET CONTRAINTES La perspective de publier sur le Web est séduisante. Bien évidemment Internet offre une largeur planétaire de diffusion sur laquelle il est inutile de revenir. Mais ce n'est pas la seule caractéristique du support. La mise "en ligne" de pages électroniques "automatise", en quelque sorte, la publication d'écrits et libère des contraintes de duplication, de diffusion et, dans une moindre mesure, d'autorisation. Les pages Web supportent un genre d'écrit qui a la particularité d'être facilement révisable et réactualisable à tout moment, dont la virtualité et la délocalisation peuvent accentuer le caractère peu engageant. Enfin, ces signes électroniques, par leur nature, semblent pouvoir enrichir le simple langage verbal ou pictural en participant d'une architecture informatique hypertextuelle autorisant le passage d'un signe iconique, c'est à dire un signe (habituellement visuel) motivé par ressemblance comme l'ancre d'un lien hypertexte (texte, bouton, zone d'image), vers un signe indiciel, c'est à dire motivé par contiguïté d'une face signifiante et d'une face signifiée. Cet ensemble de caractéristiques laisse penser que la publication sur le Web peut dépasser l'intérêt pédagogique qui consiste à publier des écrits dans un simple journal scolaire. Pour un total de 60 732 écoles primaires (élémentaires et maternelles) en France métropolitaine et DOM, j'ai pu recenser, au 1er janvier 1999, 625 "sites d'écoles" (sur 659 adresses URL obtenues durant l'année 1998, quelques sites ayant disparu entre temps). Depuis, le nombre de ces sites ne cesse de croître (plus de 900 sites étaient recensés en juin 1999) ce qui confirme l'ampleur du phénomène. Toutefois, cette multiplication des sites s'inscrit en général dans une tendance qui peut laisser penser que l'auteur-internaute ne parle qu'à un autre soi-même. À l'examen, ces écrits présentent de nombreuses similitudes et s'adressent en majorité à un lecteur-internaute averti de la chose scolaire, qui saura décrypter au sein des pages et au travers des oeuvres enfantines, des buts éducatifs, voire une maîtrise pédagogique, plutôt qu'un contenu pragmatiquement lisible et utilisable. Or, les pages Web sont le plus souvent des pages de présentation, à mi-chemin entre ce qui est du domaine privé (le terme anglo-saxon de home pages est, à ce titre, révélateur) et du domaine public. "Un petit trou que vous percez dans le mur pour laisser le monde entrer" selon l'expression de John Seabrook journaliste au New-Yorker. Ces pages renvoient donc trop souvent à une quête d'identité qui perd de vue que l'individu ne la construit jamais seul, "elle dépend autant des jugements d'autrui que de ses propres orientations et définitions de soi". Nous avons peut-être là, en suivant le schéma de lecture proposé par Habermas 4 une attitude qui, en se focalisant sur la résolution de problèmes techniques liés à la publication proprement dite, inscrit, par un comportement adaptatif, son discours dans un axe idéalisant, présupposant l'intériorisation de normes par les destinataires visés. On oublie, en se focalisant peut-être trop sur ces problématiques techniques, que les avantages des pages électroniques, cités plus haut, s'accompagnent inévitablement de contraintes sémantiques de publication bien plus fortes que celles qui pèsent sur un support d'écrit local, expérimental, au public ciblé, à destination quasi-confidentielle, comme l'est, la plupart du temps, le journal scolaire. Quelles sont donc ces contraintes sémantiques ? L'informatique est souvent considérée comme "l'outil de la simulation", de la substitution à une réalité trop complexe, de "modèles intermédiaires" plus faciles à manipuler 5, la publication sur le Web dans le cadre scolaire conduit ainsi à placer des produits développés ou en cours de développement à la disposition de tous. Nous sommes là, dans une logique qui va au delà de la simulation expérimentale. Le produit mis en ligne est littéralement inscrit de fait dans une véritable mise à l'épreuve avec les conséquences que cela peut entraîner (réactions critiques, demande d'autorisation de référencement, demande d'approfondissement... ou persistance de l'anonymat). Cette mise à l'épreuve des pages doit amener à utiliser les potentialités d'actualisation du Web pour faire "vivre" le site. Contrairement au livre imprimé, l'écrit électronique reste investi d'un statut provisoire, temporaire. Placer, un produit sur le Web peut se comparer à "taguer" un mur dans l'espoir d'être lu (le destinateur n'ayant pas à priori un destinataire précis). Un site figé et sclérosé sera dédaigné par l'internaute en mal de nouveautés. Une trop grande superficialité ne résistera pas à celui qui recherche une information fraîche mais sûre. Ces particularités constituent une rupture culturelle par rapport au monde de l'écrit imprimé dont l'école est plus familière. Enfin, un site doit déployer nécessairement une infrastructure logique qui ne peut que préexister (au moins dans ses grandes options) à la mise en ligne des contenus, ce qui demandera à l'architecte d'anticiper les opérations de publication et peut le conduire à élaborer une "ligne éditoriale" nécessitant des contenus entretenant peu de rapports avec les moments pédagogiques de la classe. Une fois posée l'importance du sens, le produit n'aura de raison d'être que dans une relation vraiment communicationnelle. Là est bien le problème de l'enseignant : comment garantir un minimum d'authenticité, alors que l'on va placer l'élève dans une situation construite de toutes pièces, un projet, au mieux "récupéré", au pire imposé, une instrumentation qui risque d'être enfermante et uniformisante et un support structurel que l'élève peut percevoir, a priori, comme artificiel ? En résumé, on oublie trop souvent que construire un site c'est "habiter le réseau" comme on habite une langue, ce qui revient à mettre en oeuvre un dispositif d'ethno-traduction qui, en autorisant la transformation de produits issus d'événements contextuels à la classe en produits porteurs de sens, permet à un regard étranger de construire un objet de compréhension. Il ne s'agit pas seulement d'un travail de traduction linguistique (qui n'est pas à exclure pour autant), cette opération de traduction est un travail quasi-ethnologique nécessitant la construction de passerelles entre des mondes pluriels. Le site doit être porteur d'une intentio operis, une intention de l'oeuvre, lisible par l'internaute (même s'il est clair qu'elle peut ne jamais coïncider parfaitement avec celle des auteurs). La difficulté de cette entreprise anthropocentrique montre bien qu'on est ici dans une logique de pari. L'enseignant sera conduit à mettre en place des stratégies ambitieuses où l'élève aura à se dégager de "l'attendu", à prendre de la distance avec la conformité à la norme scolaire, à intérioriser à la fois les règles de la communication et de la publication électronique (ce qui suppose un travail d'analyse qui sera le passage obligé vers une plus grande familiarité culturelle à l'écrit électronique). UNE MÉTHODOLOGIE D'ÉCRITURE Fort de ce constat, il apparaît utile de se construire un cadre méthodologique qui peut faciliter à la fois le travail de publication et d'écriture mais aussi, et surtout, l'ingénierie pédagogico- anthropologique, si je puis m'exprimer ainsi, qui accompagnera ce travail. Ce cadre reste assez souple et flou pour permettre à chacun de se l'approprier en le transformant à sa guise. Le piège serait ici de tomber dans la prescription de séquences (ou pire encore, d'une séquence type) qui laisseraient trop peu de place à l'enseignant. Il s'agit donc simplement d'une réflexion portant sur la construction des dispositifs pédagogiques d'accompagnement. (..) Trois "espaces" ou moments pédagogiques semblent indispensables à la construction de tels dispositifs dans l'optique de créer les pages HTML d'un site : - Un espace d'exploration : avant même d'utiliser les outils technologiques au service du multimédia le concepteur doit tirer les règles de construction du produit à concevoir, dégager les principes d'organisation et de composition des pages, donc explorer avec un oeil critique et analytique les sites qui lui semblent proches de sa propre démarche, prendre la mesure de leurs forces et de leurs faiblesses, imaginer leurs complémentaires, cerner et reconnaître des familles. - Un espace de recherche : un site n'a de sens que par rapport à l'ensemble du réseau, une recherche est indispensable pour trouver des éléments (pages, sites, adresses) à désigner grâce aux pointeurs et liens hypertextes. En outre, des composants (références, éléments textuels, graphiques...) peuvent être "empruntés" dans une certaine mesure. Le site futur pourra, à ce prix, trouver sa place dans le labyrinthe des liens. - Un espace de création : la conception proprement dite dépasse la seule élaboration de ses éléments ; elle se réalisera d'abord à travers l'architecture d'un scénario anticipant les actions de l'internaute (défilement des pages, actions sur les liens, téléchargements, impressions), puis dans un "dialogue" avec le réseau, inscrit dans l'inachèvement (voir schéma, page suivante). Élaborer des documents multimédias reviendra à se poser les questions "qui peut consulter le produit ? que veut-on montrer à l'internaute ? que veut-on lui faire faire ?..." au moment de la construction du scénario, et "mon produit est-il aux normes du support ? ne comporte-t-il pas d'erreurs ? est-il intéressant ?..." lors de la construction des pages. De cette façon, ces espaces ont non seulement une fonction de repérage dans les moments de classe, mais aussi déterminent le questionnement. Le saut d'une activité à l'autre doit rester toujours possible. L'agencement de ces trois espaces doit permettre le passage du projet brut au produit, de façon à autoriser sa réalisation mais aussi son actualisation. (..) UN BRICOLAGE PÉDAGOGIQUE ? Cet aller-retour particulier, associé à l'emprunt d'éléments issus du monde des réseaux informatiques, cette construction par à-coups successifs, rappelle le "bricolage" des signes lié aux processus d'invention décrit par Levi-Strauss dans La pensée sauvage, c'est à dire une forme d'ingénierie particulière prenant en compte une forme expérimentale et expérientielle d'apprentissage. À la manière du bricoleur l'enseignant peut intérioriser ce processus destiné à intégrer les questionnements induits par l'usage des instruments informatiques, le besoin de communiquer et les enjeux de cette communication, les difficultés à se comprendre, à coordonner des projets marqués par des cultures et des intentionnalités éloignées de celles qui présidaient lors de la mise en place de l'activité. Tout comme certains sites indiquent en gros caractères "En construction", il semble que les auteurs de sites bâtissent également une forme d'identité, peu à peu, par bricolage dans un processus créatif en évolution constante par rapport au projet de départ. Jacques AUDRAN Extraits de son article paru dans la Revue de l'EPI, n° 95.
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Notre "Tour de France des pratiques pédagogiques" nous amène à changer de région, de discipline, de génération. Nicolas Gérard est un très jeune enseignant de mathématiques, en poste au lycée André Lurçat de Maubeuge. - Nicolas, votre arrivée à Maubeuge est le début d'une nouvelle vie pédagogique ? - Beaucoup de changements... déménagement, nouveaux collègues, nouvelle vie. En revanche, je continue de développer autant mon site internet que mon cédérom de recueil de documents concernant la classe de seconde (en maths). Si beaucoup de changements se sont effectués, j'ai aussi la chance d'être en contact avec d'autres visions de l'enseignement, d'autres méthodes... c'est un atout. - Mais quels sont vos projets pour cette année ? - J'espère développer la partie "élèves" de mon site, pour chaque chapitre du cours. Au fur et à mesure que l'on avance en classe, je complète les pages et les exercices. Je laisse aussi en ligne mes documents pour que tout le monde puisse en profiter. - Suivez vous un ou des modèles ? - Lorsque j'ai créé ce site en mai 98, aucun modèle n'existait. En fait, presque aucun site internet n'était destiné aux mathématiques en classe de seconde, et surtout aucun ne proposait de réelle base de données d'exercices pour ce niveau. Ce fut mon premier objectif, avec le souci de la rendre accessible à tous (possesseurs de Mac, PC etc...). Je convertis actuellement tous les fichiers en pages HTML. Depuis 1998, peu de choses ont changé. Il y a toujours aussi peu de sites consacrés aux maths en seconde... certes, les académies semblent s'y mettre, mais je remarque qu'elles travaillent beaucoup plus pour le collège. En regard du nombre de ressources présentes sur le réseau, le collège est d'ailleurs largement favorisé par rapport au lycée. - Comment voyez vous le développement des TICE dans le système éducatif ? - Bâtir un projet personnel est plus facile qu'un projet pour la classe... Si on commence à avoir quelques ordinateurs reliés à internet dans les lycées, peu de monde s'en sert dans le cadre de l'enseignement. Pour une recherche de temps en temps, pour le courrier électronique surtout, mais vraiment rarement pour une activité concrète. L'idée que je me fais du réseau est plus un endroit où chacun (profs et élèves) pourront trouver ce qu'ils cherchent : des exercices guidés et corrigés, des notions de cours, des forums pour les élèves d'un côté, et des idées, des documents, des groupes de discussion pour les profs de l'autre. - Etes vous optimiste pour l'intégration des TICE dans le système éducatif ? - Le problème, c'est que tenter de fédérer tout cela est difficile. Si les académies tentent de regrouper les ressources "pédagogiques" et d'héberger les sites, elles sont beaucoup trop strictes sur leurs critères de sélection, et les sites se trouvent souvent dénaturés. Je crois que l'on n'avancera vraiment qu'avec l'aide d'actions personnelles, chacun de son côté. Ce n'est pas parce que l'on est plus gros que l'on est plus intéressant. Je crois profondément aux avantages du travail en commun, et au bienfait des listes de discussions. Mais il faut une certaine liberté, quitte à dépasser les limites des programmes pour se faire plaisir de temps en temps. Pour conclure, je pense que l'internet efficace en cours n'est pas encore là, et on ne pourra sans doute pas remplacer le prof... fervent partisan des nouvelles technologies. Je reste très frileux quand il s'agit de les utiliser en cours, peut être parce que le boulot à accomplir en amont est trop important pour moi pour l'instant. Mais peut être un jour... Nicolas GERARD. |